2nd degré

 CTA du 8 juin 2017 : déclaration de la CGT Educ’Action

 

Monsieur le recteur,
Mesdames, Messieurs,

La CGT Éduc’action a tenu son congrès du 29 mai au 2 juin 2017. Ce congrès a eu lieu quelques semaines après l’élection présidentielle et quelques jours avant les élections législatives. Emmanuel Macron, après une campagne soutenue par les plus grands médias, a été élu Président de la République. Il n’est pas inutile de rappeler qu’avec 24% des voix au 1er tour, soit 18% des inscrits, un taux record d’abstention et de bulletins blancs ou nuls au second tour, et un vote massif contre l’extrême-droite, cette élection n’est pas un plébiscite à un programme. La nomination rue de Grenelle de Jean-Michel Blanquer, proche d’Alain Juppé, de l’Institut Montaigne et des directions de l’enseignement catholique, qui dirigeait ces dernières années l’ESSEC, l’une des plus prestigieuses écoles de commerce, annonce clairement la volonté d’appliquer à l’Education nationale les recettes libérales : « autonomie » des établissements scolaires pour les programmes, les horaires et l’embauche, mise en concurrence à tous les niveaux, annualisation du temps de travail des enseignants.e.s et menaces pour leurs statuts, techniques de gestion inspirées du management entrepreneurial, menaces sur la voie professionnelle… Elle annonce aussi une offensive idéologique plébiscitant les neurosciences au service des officines pédagogiques ultra réactionnaires comme « agir pour l’école ».
La CGT Éduc’action rappelle que l’Etat, et en particulier l’Education nationale, est le plus grand pourvoyeur de précarité. Ce nouveau cadre de gestion adopté par l’ex-ministre de l’Education Nationale, prouve une fois de plus que le ministère compte sur un volant de personnels précaires pour assurer les missions d’enseignement et d’accompagnement.

La CGT Éduc’action appelait à un véritable cadre national de gestion faisant avancer les droits de tous les non-titulaires avec équité de traitement notamment salarial.
Suite à la réflexion menée depuis la rentrée dans notre académie pour la mise en place du nouveau cadre de gestion des agents non-titulaires, la CGT Éduc’action reconnait quelques avancées auxquelles elle a pleinement contribué. Toutefois, nous resterons vigilants quant à sa déclinaison et à son application sur le terrain, notamment en termes de formation et d’évaluation.

La CGT regrette que ces nouvelles mesures ne concernent pas les MAGE et que la nouvelle grille indiciaire des collègues de catégorie 2 (ex.3) ne change qu’à la marge dans l’avancement, car celle-ci était déjà appliquée dans notre académie. Nous réitérons notre revendication du maintien d’avancement pour les 3 premiers échelons à l’identique de la grille appliquée précédemment pour les contractuel.le.s de l’ex-catégorie 3. Nous demandons à ce que les collègues contractuel.le.s, soient soumis aux mêmes conditions de traitement, quel que soit le service dont ils dépendent. Pour exemple, il est inadmissible qu’une collègue infirmière soumise aux mêmes conditions d’astreinte, sous contrat depuis plus d’un an sur le même remplacement d’une titulaire en congé maladie long, ne touche aucune indemnité de petites vacances et doive s’inscrire à Pôle Emploi dès la fin des cours. Cette situation n’est pas unique, malheureusement, et elle touche en priorité des femmes, alors que vous inscrivez l’égalité femme-homme à l’ordre du jour. Concernant la labellisation « Egalité et diversité des processus RH », à la lecture du bilan social, nous constatons qu’en 2016 les femmes représentaient 68,7 % des enseignants du secteur public (p21), mais que seules 61,6 % d’entre elles ont été promues à la hors classe (p104). C’est pourquoi, nous demandons une étude genrée sur l’ensemble d’une carrière afin de comprendre à quels moments se créent les inégalités et pour quelles raisons.
Autre point à l’ODJ, le CAPPEI. Il suit la logique de la médicalisation de l’échec scolaire avec un moyen de parvenir à l’accroître : l’inclusion, non pas comme principe, mais telle qu’elle est théorisée, par la loi de refondation de 2013 : l’inclusion tous azimuts visant à ce que tous les enfants soient scolarisés dans les écoles ordinaires, sans obligation de moyens. La CGT dénonce ces mesures car l’inclusion indifférenciée est présentée par ses défenseurs, non comme une volonté politique de donner leur place à tous, mais comme le moyen de changer l’École, en prenant prétexte que l’enseignement adapté serait discriminant. L’idée du CAPPEI est donc de « former des spécialistes entrainant une mutation de l’école vers l’inclusion ». Croire en l’omnipotence de la solution pédagogique (aux dépens du soin), avec l’inclusion en direction des enfants handicapés, c’est compter sur des enseignants polyvalents capables de promouvoir ce fonctionnement, quitte à ce qu’ils changent de spécialité une fois usés. C’est ce qui explique qu’il va être désormais possible, en 52 heures de passer de « enseigner en RASED » à « coordonner une ULIS ». Le-la titulaire du CAPPEI sera désormais le chevalier blanc des enseignant.e.s capables de mettre en place l’inclusion, le parangon de l’émancipation… dans ce système, les maitres-ses d’adaptation sont destiné.e.s à être les femmes et hommes à tout faire ; les SEGPA et les EREA ont un avenir incertain.

Il y a du souci à se faire, et surtout pour les élèves en difficulté scolaire.

Et ce n’est pas notre rencontre avec le nouveau ministre del’Éducation nationale, vendredi 26 mai, qui nous rassure.

À l’issue de ces premiers échanges, nous avons bien compris qu’il ne souhaitait pas en dire trop avant les élections législatives afin de ne pas effrayer les électeur-trices. Cependant, nous avons bien entendu deux engagements de sa part et nous saurons les lui rappeler si nécessaire : il n’y aura pas de suppression de postes dans l’Éducation nationale sur le quinquennat et le transfert aux régions des personnels de l’enseignement professionnel n’est pas à l’ordre du jour.

Plus que jamais, la CGT Éduc’action reste attentive aux futures annonces ministérielles et saura se mobiliser avec les personnels et les usagers afin de faire valoir nos droits et nos revendications.

Merci de votre attention.